La crise sanitaire liée à la Covid-19, et plus précisément son évolution et ses potentielles conséquences, sont aujourd’hui le principal sujet qui anime les marchés financiers. En effet, si certaines zones d’ombres comme l’issue du Brexit ou encore les élections américaines ont été éclaircies, laissant ainsi place à l’espoir d’un avenir plus lisible, force est de constater que l’épisode pandémique que nous traversons capte toute l’attention des investisseurs. Alors que l’efficacité des vaccins ne semble plus faire de doutes, la campagne de vaccination continue à prendre de l’ampleur mais dans des proportions différentes selon les régions du monde. Certains pays commencent à retrouver une vie normale tandis que d’autres sont aux prémices de leur campagne ; les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont par exemple un rythme de vaccination très soutenu alors que les pays de l’Union Européenne sont plus en retard. Par ailleurs, les banques centrales maintiennent leurs politiques accommodantes de taux bas et les gouvernements restent en soutien des ménages et des entreprises. Ces mesures de relance ont eu un impact direct sur les anticipations d’inflation et donc sur les taux à long terme, amenant quelques mouvements de panique sur le marché obligataire. Enfin, toujours sur ce même fond d’environnement macroéconomique en amélioration, nous avons assisté en février à une rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques, jusqu’alors délaissées par les marchés.
Un contexte économique favorable…
L’OCDE a récemment confirmé ses prévisions de croissance pour l’année 2021. En tête de gondole, la Chine devrait encore être le moteur principal de celle-ci, suivi des Etats-Unis et de l’Europe. Les éléments de cette croissance à venir sont clairs et identifiés à travers le retour à « la vie normale », c’est-à-dire à une consommation des ménages et un investissement des entreprises soutenus. Les ménages bénéficient de taux d’épargne important, le commerce mondial d’une réserve de capacité considérable et les entreprises ont, dans l’ensemble, bien réussi à maitriser leurs différents postes de dépenses. Dans ce contexte, l’OCDE table sur une croissance de +5,6% en 2021.
En Europe, malgré le retard pris dans les campagnes de vaccination, la zone montre de la résilience, portée par une activité industrielle qui est revenue à ces niveaux d’avant-crise. Si nous avons encore le sentiment d’assister à une Europe à deux vitesses, il convient de constater que les économies se rouvrent progressivement, laissant place à beaucoup d’espoir pour le second semestre de l’année, notamment avec un plan de relance paneuropéen de poids en soutien.
Aux Etats-Unis, les divergences de politiques de confinement entre les états entrainent une reprise moins soutenue en ce début d’année. Celle-ci est toutefois bien présente avec une campagne de vaccination avancée, un secteur manufacturier qui tourne à plein régime, un marché de l’emploi très encourageant et une confiance des ménages et des entreprises au rendez-vous. Le nouveau Président, Joe Biden, promet une réouverture complète de son économie cet été et le tout sera soutenu par un plan de relance colossal de 1900 milliards de dollars. Le second trimestre de l’année est donc de bon augure.
En Asie, et plus particulièrement en Chine, seul pays à avoir connu une croissance de son PIB en 2020, même si l’activité semble légèrement ralentir ces dernières semaines, elle reste très importante. La Chine qui, chronologiquement, a été l’un des premiers pays à sortir de la crise sanitaire semble profiter du choc de consommation et d’investissement lié au retour à « la vie normale », et cela ne devrait pas faiblir significativement. Le gouvernement ne souhaite toutefois pas voir sa croissance s’emballer trop vite, au risque d’une inflation brutale qui pourrait desservir les acteurs économiques.
… surveillé de près par les banques centrales.
Dans ce contexte macroéconomique et microéconomique positif, les banques centrales (FED et BCE notamment) se veulent toutefois prudentes. En effet, si les perspectives d’inflation restent mesurées et ne semblent pas être un sujet préoccupant, il apparait que le marché des taux (notamment les taux long terme) en profite pour rebondir. Autrement dit, les obligations à 10 ans des États développés rémunèrent plus. Il s’agit là d’une vraie problématique pour la FED et la BCE qui souhaitent absolument maintenir des taux bas afin de booster la reprise économique et surtout compte tenu de l’endettement des pays. Le Président de la banque centrale américaine l’a encore répété, il n’augmentera pas les taux jusqu’au moins 2023.
Dès lors, du côté du paysage boursier, c’est dans cet environnement que des rotations sectorielles se sont opérées : les valeurs de croissance comme la technologie, le luxe ou la santé ont été mises de côté au profit de sociétés plus cycliques qui avaient beaucoup souffert depuis février 2020 comme les banques ou encore les foncières cotées. Ces mouvements sélectifs sont, de notre point de vue, loin d’être terminés et nous sommes convaincus que même si les marchés sont, à l’heure actuelle, sur des niveaux plutôt hauts comparés à leurs moyennes historiques, il existe encore et toujours de très beaux potentiels de croissance dans certains secteurs et au sein de certaines entreprises. En effet, si les indices boursiers montrent une vigueur importante, il convient de constater que toutes les entreprises composant les indices n’évoluent pas nécessairement dans le même sens. Au-delà de la sélectivité, il faudra faire preuve de réactivité dans des marchés financiers qui, même si l’hypothèse d’un retour de la volatilité liée à des prises stratégiques de bénéfices n’est pas écartée, regorgent d’opportunités. La pertinence d’une bonne allocation diversifiée et surtout flexible en termes de classe d’actif, de stratégies et de zones géographiques est plus que jamais d’actualité.